Soutenance de thèse

 

Soutenance de thèse

La soutenance est à la fois un rituel de passage, un moment inoubliable et une source de stress sans nom. Pour vous préparer à surmonter à cette « épreuve », quelques conseils sur tous les aspects de la soutenance.

 

L’organisation pratique

  • Vérifier qu’une salle a bien été réservée pour votre soutenance.
  • N’hésitez pas à aller visiter les lieux pour vous faire une idée et pour vérifier l’agencement de la salle. Si celle-ci n’est pas habituellement aménagée pour une soutenance il vous faut prévenir le service concerné ou déplacer vous-même les tables le jour J.
  • Si arriver à votre salle de soutenance est un véritable parcours du combattant, n’hésitez pas à avoir recours à quelques affichettes pour indiquer la bonne direction
  • Pensez à amener des petites bouteilles d’eau pour désaltérer les membres du jury. Normalement ce n’est pas à vous de le faire mais dans ce type d’occasion mieux vaut prévenir que d’avoir à gérer des problèmes de dernière minute

 

L’intervention orale

Pour ce qui est de la gestion du trac et l’expression orale (pendant la soutenance ou toute autre type d’intervention orale) voire les conseils pratiques de l’Atelier pro.

N’hésitez pas à vous aider des deux pré-rapports pour construire votre intervention. Ils vous permettrons de mettre en valeur vos points forts mais il s’agit aussi dès votre intervention de répondre « subtilement » aux critiques qu’ils peuvent formuler.

Ne jamais être négatif à propos de son travail de thèse (il ne s’agit pas de se dégommer avant que le jury le fasse) ce qui implique concrètement de ne pas employer de tournure de phrase négative et de ne jamais dire :

  • que oui certains concepts ont été insuffisamment travaillés → le concept XYZ n’étant pas le sujet central de votre thèse je me suis intéressé.e qu’à ses aspects les plus pertinents…..
  • que oui vous auriez également pu dépouiller la série BA et aller voir les archives du centre TrucMuche → La profusion des sources et la multiplicité des questionnements qu’elles suscitaient concernant le phénomène BABA impliquaient de faire des choix. J’ai donc privilégié….

 

Lors de sa soutenance, le/la doctorant.e doit tout d’abord présenter sa recherche pendant une  vingtaine de minutes. Il s’agit de :

  • Remercier  les membres du jury pour leur présence ; le directeur/trice de thèse pour son travail (il ne s’agit pas de penser tout ce qu’on dit)

ex : Avant de commencer je tiens à remercier les membres du jury pour leur présence aujourd’hui ainsi que mon directeur de thèse XXX pour son accompagnement et son soutien tout au long de ce doctorat…. 

ex : Je remercie tout d’abord les membres du jury ici réuni d’avoir accepté de participer à cette soutenance….

  • Relier sa thèse à son parcours de recherche : évoquer master (intitulé de la formation, titres ou objets des mémoires de master)

ex : La thèse que je soumets aujourd’hui à la discussion du jury, intitulée Politiques de genre et féminisme dans la post-dictature chilienne (1990-2010), constitue l’aboutissement d’un parcours à la fois personnel et universitaire sur lequel je souhaiterai revenir brièvement avant d’en souligner les principales conclusions et les possibles prolongations….

ex : Cette soutenance est l’aboutissement d’une recherche sur la prostitution parisienne que je poursuis depuis mon master « liens, territoire et appartenance en histoire » effectué au LDH (ancien Ladéhis) à l’EHESS. Sous la direction de Maurizio Gribaudi, j’ai travaillé sur les lieux de racolage parisiens en première année et sur les « petites femmes » du quartier Latin lors de la seconde. Ma recherche doctorale s’inscrit donc à leur suite et réunit les deux approches qui avaient guidé mes travaux de master…..

  • Expliquer son doctorat : pourquoi telle université ou tel laboratoire d’accueil (sujets de recherche abordés ou méthodologie utilisée par l’équipe). Qu’est-ce qui dans votre formation doctorale vous a permis de mener à bien votre recherche. Sans tomber dans l’hypocrisie la plus totale là aussi il ne s’agit pas de penser tout ce qu’on dit.

ex : J’ai poursuivi en doctorat au sein du Ladéhis car les travaux effectués par l’équipe autour de l’espace parisien et des dynamiques urbaines me semblaient constitué un environnement stimulant pour mes propres recherches. C’est en début de première année de thèse que j’ai saisi l’occasion qui s’offrait à moi de passer le concours d’entrée du doctorat devenu européen « Storia delle donne e dell’identité di genere » de l’université L’Orientale de Naples et de faire ma thèse en co-tutelle. Mon projet était d’inscrire mes travaux dans le champ de l’histoire des femmes et du genre et de bénéficier d’une formation doctorale orientée vers ces thématiques. Ce fut également une ouverture sur l’Europe de la recherche ainsi que des relations et des échanges, tant amicaux que professionnels, extrêmement enrichissants.

ex : Le choix de ce sujet de recherche tient donc à la rencontre des personnes mais aussi à des rencontres textuelles….

  • Présenter son sujet : terrain, époque étudiée, problème ou questionnement à l’origine du sujet (ne pas hésiter à redonner les éléments présents dans le titre de la thèse)

ex : Cette diminution massive, voire brutale, du nombre de maisons de tolérance est certainement le fait le plus frappant concernant l’évolution de la prostitution féminine durant le second XIXe siècle. Mais pour le comprendre il me semblait important de ne pas se cantonner à l’étude de la prostitution réglementée ni à sa comparaison avec la prostitution clandestine mais d’envisager l’ensemble de la pyramide prostitutionnelle, ce qui impliquait tant les filles publiques que les femmes galantes. Tout comme il me semblait primordial de ne pas s’arrêter au fonctionnement du bordel et au système réglementariste pour s’intéresser à l’inscription sociale et géographique des différentes formes de sexualités.

  • Évoquer les sources/le terrain : quelques indications qui rappelle le travail fourni sans rentrer dans les détails

ex : Les cinq années qui s’ensuivent constituent une longue incursion dans le féminisme et la politique chiliens. C’est de ce quotidien qu’ont lentement émergé les problématiques, les hypothèses et l’enjeu de ma recherche. L’important matériel recueilli au cours de cette période – entretiens, notes de réunions, activités et discussions féministes, documents – n’a toutefois su être systématisé et analysé que lors de la mise à distance géographique (à l’occasion de mon retour en France) et du travail de mise en mots.

ex : Cette thèse s’appuie sur un important corpus d’ouvrages abordant la prostitution (romans, livres médicaux, mémoires) et sur les archives de la Préfecture de police de Paris. Principalement les archives du service des mœurs et notamment la série BM2, très peu ou quasi inexploitée par l’historiographie. Ces sources policières, découvertes lors de mon master, me semblaient le moyen de réinterroger et de nuancer les hypothèses développées par Alain Corbin dans Les Filles de noce. Hypothèses qui, pour le cas parisien (son livre porte sur toute la France), ont davantage été fondées sur la littérature « prostitutionnelle » et les sources de seconde main que sur les archives policières.

  • Situer sa thèse dans le champs (sujet ou terrain novateur ? ; pourquoi il fallait une nouvelle thèse alors qu’il y a les travaux de X et de Y sur la question ?)

ex : Dans Les Filles de noce, Alain Corbin associe la diminution des maisons closes à une profonde mutation des formes du désir et à un changement de sensibilité des hommes de la bourgeoisie à l’égard de l’amour vénal. Les clients auraient délaissé la maison de tolérance au profit des filles de rue, des danseuses de bal public, des soupeuses de restaurants de nuit, des amours de maisons de rendez-vous, aspirant désormais à davantage de séduction dans les rapports vénaux. Dans Policing Prostitution in Nineteenth-Century Paris, l’historienne Jill Harsin développe au contraire l’idée que ce furent les changements législatifs et administratifs libéralisant le secteur des garnis et des débits de boissons qui favorisèrent l’explosion de la prostitution hors tolérance à partir de la Belle Époque. Je ne nie pas l’importance de ces changements législatifs et administratifs mais j’estime qu’ils ne firent qu’accélérer/massifier un phénomène qui s’est mis en place à partir des années 1850. Tandis que je considère que le déclin des bordels et l’explosion de la prostitution clandestine, relèvent non pas d’une évolution de la sensibilité masculine bourgeoise mais  d’une recomposition des articulations et des tensions entre sexualité légitime et illégitime et d’et une transformation des rapports entre l’activité prostitutionnelle et l’espace urbain dans lequel elle se déploie

  • Énoncer sa méthodologie (et pour se faire mieux vaut relire son introduction)

ex : J’ai entrepris pour mener ma recherche une analyse spatiale et genrée de la prostitution. où la géographie des phénomènes prostitutionnelle est à la fois enjeu et instrument de ma recherche. J’ai considéré que les transformations de l’espace urbain participaient à la structuration de l’activité prostitutionnelle et qu’il était donc important de faire une géohistoire des lieux de racolage et de prostitution si je voulais comprendre les déplacements et les transformations de l’activité prostitutionnelle….

ex : …Les deux idées contenues dans cet énoncé étant aussi problématiques l’une que l’autre, il m’a paru indispensable de conjuguer leur questionnement dans un même mouvement de pensée, de tenir ensemble ce que le sens commun et les frontières disciplinaires séparait dans le traitement ou dans la succession chronologique. Il me semblait, tout particulièrement, que la discussion sur l’institutionnalisation du genre et les mutations du féminisme, au Chili comme ailleurs, pouvait être enrichie et re-problématisée à partir de ce saisissement simultané des deux objets, et d’une attention spécifique portée d’une part sur ce secteur mouvant et flou du féminisme chilien que celui de la mobilisation sociale, et d’autre part sur les politiques publiques de genre notamment sociales et de transversalisation.

  • Donner ses hypothèses et résultats. La partie à soigner et à développer tout particulièrement, c’est le moment de se mettre en valeur

ex : Afin d’étayer cette thèse, je me suis efforcée dans ce travail de montrer que la contestation du mariage d’argent et les progrès du mariage d’amour n’influèrent que lentement sur les stratégies matrimoniales et familiales. Mais qu’au contraire ces phénomènes transformèrent profondément les formes prises par les sexualités illégitimes et firent évoluer les discours et les pratiques en matière d’amour vénal.

  • Conclure et ouvrir. En quelques lignes revenir sur l’intérêt scientifique et/ou méthodologique de votre thèse et ses apports (qui dépassent bien entendu largement le cadre de votre thèse)

ex : Comme on le voit dans ces ultimes conclusions, le travail mené dans cette thèse porte pour une bonne part sur la prostitution à destination des couches bourgeoises et supérieures afin de comprendre comment les différents dispositifs sexuels intervenaient dans le jeu de recomposition des élites parisiennes et dans l’avènement politique et social de la bourgeoisie. La prostitution, en tant qu’objet de savoir et forme de sexualité est au cœur de ces enjeux. et j’espère avoir montré avec cette thèse combien une analyse spatiale des phénomènes sexuels, prenant en compte l’intersectionnalité des catégories sociales de classe et de genre pouvait être pertinente et éclairer d’un jour nouveau les évolutions de la sexualité.

ex : Ainsi, les principales contributions de ce travail devraient être à même de nourrir des réflexions théoriques ou des études de cas sur d’autres aires géographiques sur l’institutionnalisation du genre, la professionnalisation des féminismes, et les régimes de citoyenneté des femmes dans le contexte d’économies capitalistes néolibérales, avec ou sans « visage humain ».

  • Ne pas oublier de remercier à la fin de son intervention

ex : Je vous remercie

ex : Je remercie encore une fois les membres du jury de leur participation à cette soutenance et je me réjouis par avance d’entendre leurs lectures et d’échanger sur ces questions. Je remercie également les personnes présentes dans la salle de s’être déplacées pour assister à la soutenance.

 

 

 

 

Les exemples utilisés sont tirés des interventions de soutenance de :

Nicole Forstenzer, Politiques de genre et féminisme dans le Chili de la Post-dictature, 1990-2010, thèse de sociologie sous la direction de Bruno Lautier (université Paris I – IEDES), soutenue le 19 janvier 2011 à Nogent-sur-Marne.

Lola Gonzalez-Quijano, Filles publiques et femmes galantes. Des sexualités légitimes et illégitimes à l’intérieur des espaces sociaux et géographiques parisiens (1851-1914), thèse d’histoire sous la direction de Maurizio Gribaudi et Renata Ago (EHESS – l’Orientale), soutenue le 21 septembre 2012 à Paris.