Atelier Genre, Normes procréatives et Parentalité (GNP)

Informations pratiques :

Coordinatrices : Irène- Lucile Hertzog (CERReV, Caen),  Marie Mathieu (Cresppa-CSU, Paris 8/IREF, UQAM) et  Lucile Ruault (Ceraps, Lille 2)

Contact : [email protected]

Cet atelier est affilié à Efigies (Association de Jeunes Chercheuses et Chercheurs en Études Féministes, Genre et Sexualités) ainsi qu’au Réseau des jeunes chercheurs Santé Société, au RING et à la MSH Paris Nord.

L’ensemble des séances aura lieu sur le site Pouchet, au 59-61, Rue Pouchet, Paris (salle 255)

Site internet: http://efigies-ateliers.hypotheses.org/category/normes-procreatives-et-perinatalite

PROGRAMME ATELIER GNP 2014-2015

Argumentaire

Les pratiques sexuelles ne produisant pas nécessairement des enfants, la procréation est ici entendue au sens large et renvoie tout autant à la question de la gestion de la fécondité (contraception, avortement, accouchement sous X) qu’à celle des échecs de reproduction (fausse couche, IMG etc.), y compris médicalement assistée. En ce sens, nous inclurons dans notre réflexion les modalités de régulation des naissances et les normes qui les sous-tendent, notamment la norme contraceptive et la norme procréative qui définissent les « bonnes » conditions et la « bonne » temporalité pour avoir un enfant. Si la contraception permet aujourd’hui de dissocier sexualité et reproduction et d’envisager l’entrée en parentalité comme résultant d’un choix, celle-ci n’en demeure pas moins fortement normée : davantage planifiée voire programmée, la procréation n’est plus seulement pensée dans l’intérêt des femmes mais surtout celui des enfants (Akrich, 1999 ; Garcia, 2011). Les normes procréatives sont liées à un ensemble d’injonctions souvent associées ou fondées dans du biologique ou du biopsychologique  – souvent contradictoires – qui prescrivent et proscrivent des conduites familiales – injonction à la parentalité, à la maternité dite « biologique », à l’hétérosexualité, à la conjugalité, à la «conciliation»  (Bajos, Ferrand, 2006 ; Debest, 2012) et des règles de santé – suivi gynécologique, suivi de grossesse (Bretin, 1992 ; Jacques, 2007 ; Gojard, 2010). Il convient également de réfléchir aux contextes politiques et économiques dans lesquelles ces normes se développent et se reconfigurent, ainsi qu’à leur articulation avec les trajectoires biographiques des agent.e.s.

Nous avons ensuite choisi d’ancrer nos réflexions dans le cadre de la périnatalité (de la conception jusqu’à la prime enfance) afin de ne pas négliger le poids des dispositifs institutionnels dans l’encadrement de la (non-)procréation et de la naissance (Memmi, 2003) (de son refus comme de son échec) et de l’accès à la parentalité (Tain, 2009 ; Gross, 2005). Ces expériences a priori privées mobilisent des dimensions éminemment politiques, tant elles sont encadrées. Gouvernementalité et médicalisation des corps (Illich, 1975 ; Foucault, 1976 ; Herzlich, 1991), mais également biologisation et psychologisation du sexe (Mathieu, 1991 ; Laqueur, 1992 ; Oudshoorn, 1994 ; Gardey et Löwy, 2000), de la sexualité (Gagnon, 2008) et de l’enfantement (Tabet, 1998 ; Iacub, 2004) sont autant de modalités de contrôle qui pèsent sur les parcours procréatifs auxquelles participent les instances publiques via leurs agent.e.s, et plus particulièrement les professionnel.le.s de santé ou du médico-social, exerçant, en outre, des métiers fortement sexués auxquels nous porterons notre attention : sages-femmes, auxiliaires puéricultrices, infirmières-puéricultrices, psychologues et psychiatres de maternité, pédiatres…. Il s’agira par ailleurs de nous intéresser aux réticences, résistances et stratégies d’évitement des femmes et des hommes face à ces cadres et aux normes véhiculées.

Enfin, il nous semble que ces mécanismes témoignant de l’intrusion des grilles de lecture biologisantes dans l’interprétation du social ne peuvent se comprendre sans analyser leurs contextes d’émergence et de développement, mais aussi leurs évolutions et transformations. Afin de rendre compte avec finesse du caractère construit, situé et mouvant des normes contemporaines encadrant le champ de la reproduction et de la parentalité, nous tenons à maintenir une perspective socio-historique forte (Knibiehler, 2001), permettant de situer ces normes dans le temps et l’espace, et ainsi de les extraire d’une vision linéaire et fixiste.

 

Bibliographie indicative :

Akrich Madeleine,  « La péridurale, un choix douloureux », Les Cahiers du Genre, n°25, 1999, p. 17-48.

Bajos Nathalie et Ferrand Michèle, « L’interruption volontaire de grossesse et la recomposition de la norme procréative», Sociétés contemporaines, 2006, n° 61, p. 91-117.

Bretin Hélène, Contraception : quel choix pour quelle vie ? Récits de femmes, paroles de médecins, Paris, INSERM, coll. « Analyse et prospective », 1992.

Debest Charlotte, Le choix d’une vie sans enfant : des individus confrontés aux normes sociales et de genre, thèse de sociologie, Centre de sociologie des pratiques et des représentations politiques de l’Université Paris-7 Denis Diderot et à l’Institut national d’études démographiques, dirigée par Numa Murard, 2012.

Foucault Michel, Histoire de la sexualité, t. I, La volonté de savoir, Paris, Gallimard, coll. « TEL », 1976.

Gagnon John, Les Scripts de la sexualité. Essais sur les origines culturelles du désir, Paris, Payot, 2008.

Garcia Sandrine, Mères sous influence. De la cause des femmes à la cause des enfants, La Découverte, coll. « textes à l’appui », 2011.

Gardey Delphine et Löwy Ilana (dir.), L’Invention du naturel. Les sciences et la fabrication du féminin et du masculin, Paris, Éditions des Archives Contemporaines, 2000.

Gojard Séverine, Le métier de mère, La Dispute, coll. « Corps santé société », 2010.

Gross Martine, Homoparentalités, état des lieux, Toulouse, ERES, coll. « La vie de l’enfant », 2005 (rééd.).

Herzlich Claudine, Malades d’hier, malades d’aujourd’hui, de la mort collective au devoir de guérison, Payot, Paris, 1984.

Iacub Marcela, L’empire du ventre. Pour une autre histoire de la maternité, Paris, Fayard, coll. « Histoire de la pensée », 2004.

Illich Ivan, Némésis médicale. L’expropriation de la santé, Seuil, 1975.

Jacques Béatrice, Sociologie de l’accouchement, PUF, coll. « Partage du savoir », 2007.

Knibiehler Yvonne (dir.), Maternité, affaire privée, affaire publique, Paris, Bayard, 2001.

Knibiehler Yvonne et Neyrand Gérard (dir.), Maternité et parentalité, Rennes, ENSP, 2004.

Laqueur Thomas, La fabrique du sexe. Essai sur le corps et le genre en Occident, Paris, Gallimard, 1992 (éd. américaine, 1990).

Mathieu Nicole-Claude, L’Anatomie politique. Catégorisations et idéologies du sexe. Paris, Côté-femmes Éditions, coll. « Recherches », 1991.

Memmi Dominique, Faire vivre et laisser mourir. Le gouvernement contemporain de la naissance et de la mort, La Découverte, 2003.

Membrado Monique, « Les femmes dans le champ de la santé : de l’oubli à la particularisation », Nouvelles Questions Féministes, « Santé ! », Vol. 25, n°2, 2006, p. 16-31.

Oudshoorn Nelly, Beyond the Natural Body. An Archeology of Sex Hormones, London-New York, Routledge, 1994.

Pheterson Gail, « Grossesse et prostitution. Les femmes sous la tutelle de l’État », Raisons politiques, Vol. 3, n°11, 2003, p. 97-116.

Praz Anne-Françoise, Modak Marianne et Messant Françoise (dir.), Nouvelles questions féministes, « Produire des enfants », Vol. 30, n°1, 2011.

Tabet Paola, La Construction sociale de l’inégalité des sexes. Des outils et des corps, Paris- Montréal, l’Harmattan, coll. «Bibliothèque du féminisme », 1998.

Tain  Laurence, « Refus des médecins, abandons des couples : quel contrôle pour la pratique de procréation assistée ? », Sciences Sociales et Santé, 2005, vol. 23, n° 3, p. 5-30.

 

 

 

 

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