Psychanalyse(s) et savoirs situés

Atelier EFiGiES 2014/ 2015

 

Coordinatrices :

Clémence Moreau, Mira Younes

Contact de l’atelier : [email protected]

 

 

PRÉSENTATION DE L’ATELIER :

C’est à partir des manques et écueils des formations universitaires en psychologie et psychanalyse que nous avons décidé de mettre en place cet atelier dans le cadre d’EFiGiES. Dans une perspective de déconstruction/reconstruction des savoirs qui informent les pratiques cliniques, nous prendrons appui sur les épistémologies féministes (standpoint theorygender studies, intersectionnalité, queer theory), ainsi que sur certains apports contemporains de la linguistique, de la sociologie, des cultural et subaltern studies, etc. Nous désirons construire un espace de questionnements et de co-formation transdisciplinaire ouvert aux savoirs mineurs.

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 L’invention de « la » psychanalyse a immédiatement provoqué l’émergence de courants critiques, à l’intérieur et hors des milieux psy. Or ces critiques sont trop peu reçues et envisagées comme un potentiel levier de réinvention. Pourtant, dès ses origines, « la » psychanalyse s’est rêvée et revendiquée non-autoritaire, non-experte et ouverte aux divers savoirs dans le soutien de leur réflexivité. Du moins, c’est ce que demandaient les premières patientes de Freud, dites «hystériques», elles aussi « inventeuses » d’une certaine pratique clinique.

C’est dans cette perspective critique, de réélaboration collective des outils psychanalytiques, théoriques et techniques, que nous envisageons cet atelier. Nous souhaitons mettre au travail certains concepts essentialisants, pathologisants (castration, phallus, Nom-du-Père, perversion) contribuant à la réitération de normes excluantes, et interroger l’utilisation plaquée de certaines hypothèses, provoquant ce qu’il convient d’appeler une « maltraitance théorique ». Pour autant que nous nous orientons vers une clinique éthique, nous ne pouvons faire l’impasse sur les entrelacs entre savoir et pouvoir. Partant du présupposé qu’en position de thérapeute ou d’analyste, nos silences, nos paroles, nos actes ont des conséquences parfois majeures dans les processus de subjectivation des patient.e.s : quelles sont les limites éthiques quant à la volonté de savoir ? Quelle interprétation est légitime ? Y a-t-il une parole experte ?

La revendication principale des épistémologues féministes du « point de vue » (standpoint theory) se rapporte à l’importance de situer les savoirs, notamment ceux formulés à partir d’une position d’énonciation non marquée et tendanciellement universelle. Ce point de vue de nulle part, laisse hors champ tant les privilèges des énonciateurs (de genre, de classe, de « race », d’apparente « normalité », entre autres) que les structures institutionnelles qui président à la production théorique et sa transmission. Nous pensons qu’il n’y a pas, d’une part, des discours objectifs d’experts, et d’autre part des savoirs situés et subjectifs. Tout discours est amené à occuper une fonction politique dans un contexte précis et selon des enjeux qui le traversent… Et nous pensons qu’il n’est pas d’énonciation qui soit indemne de l’inconscient. En tant qu’ils ne se cachent pas d’être subjectivement incarnés (embodied knowledge) et historiquement construits, des savoirs situés, partiels et partiaux, ne nous donnent aucune grille d’interprétation infaillible. Ils ouvrent en revanche à une position d’énonciation mesurée, à la prise en compte de l’hégémonie des savoirs et à la mise en valeur du malentendu. C’est à la fois le sens de l’engagement politique, et la pratique des clinicien.ne.s que nous sommes qui s’en trouvent modifiés.

Nous aimerions en d’autres termes penser l’intrication du social, du psychique et du politique, tout en faisant place à la diversité et à l’hétérogène en clinique. Pour nous, la rencontre clinique suppose un va et vient permanent entre ces dimensions. Nous espérons ainsi contribuer à intégrer dans nos pratiques, la coexistence d’une sensibilité à la question des enjeux de domination et du pouvoir des normes en tant qu’ils constituent les subjectivités, et d’une attention non essentialisante au singulier. Le parti pris des « savoirs situés » nous semble résumer cette tension.

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Les séances de « Psychanalyses et savoirs situés » s’adressent tant aux curieux et curieuses de tous bords qu’aux étudiant.e.s en psychologie, aux clinicien.ne.s et aux chercheur.e.s en diverses disciplines. Nous aimerions mettre l’accent sur l’échange et le débat, en proposant des présentations synthétiques, privilégiant les temps de discussion. Ceux-ci peuvent être saisis pour questionner les apports théoriques mobilisés, qu’ils soient psychanalytiques ou non.

 

Organisation :

 

La 1ère séance aura exceptionnellement lieu le lundi 10 novembre 2014 à 19h45, MIE-Labo 13 au 15, rue Jean-Antoine de Baïf, 75013 Paris.

Les séances suivantes auront lieu les 1ers jeudi du mois (sauf janvier) à 19h45, MIE Bastille au 50, rue des Tournelles, 75003 Paris.

Comme nous ne disposons que d’un petit espace, mieux vaut s’inscrire pour chaque séance en envoyant un mail à l’adresse indiquée ci-dessus.

 

Programme :

– 10 novembre 2014:

Introduction collective de l’atelier.

Les « discours psy » de l’intersexuation, avec Noémie Marignier (IEC).

– 4 décembre 2014:

« Silence public, terreur privée ». À propos d’un article de Dorothy Allison, avec Gabrielle Schnee (Paris 13).

– 5 février 2015 :

Clinique trans’ et « maltraitance théorique », avec Clémence Moreau, psychologue clinicienne.

– 5 mars 2015 :

Psychanalyse et hétéronormativité, avec Tiphaine Besnard ( Paris 8).

– 16 avril 2015 :

En finir avec « l’hystérie » ? Du dark continent à un pulsionnel a-politique, avec Mira Younes (Paris13).

– 7 mai 2015 :

Démocratiser l’espace thérapeutique : questions autour de la réalisation concrète d’une philosophie féministe de la psychothérapie, avec Stéphanie Pache (Université de Lausanne, Suisse).

– 4 juin 2015 :

Pluraliser l’œdipe: mythes alternatifs, circulation exogamique d’objets et nouvelles maternités, avec Sarah-Anaïs Crevier Goulet (UC-Louvain/Paris 3); Nayla Debs (Paris 7); Elsa Polverel ( Paris 7) et Beatriz Santos (CEV/Toulouse 2).