Face à l’impunité israélienne : pour un féminisme décolonial

Il n’est pas dans les habitudes de l’association d’EFiGiES de communiquer et de prendre position sur des sujets autres que l’institutionnalisation des études genre en France. De même la liste de diffusion de l’association, qui ne fait pas l’objet de modération a priori, se veut un espace d’information ouvert à toutes les tendances féministes avec les débats et les polémiques que cela implique parfois.

Pour autant, la situation actuelle en Palestine et le silence de la plupart des mouvements féministes sur le conflit israélo-palestinien nous oblige à réagir à travers l’appel « Face à l’impunité d’Israël : pour un féminisme décolonial ». Ce positionnement pour un féminisme décolonial dépasse en réalité le conflit israélo-palestinien : fruit de nos discussions et de nos réflexions de ces derniers mois au sein du bureau d’EFiGiES, il reflète nos inquiétudes vis-à-vis de la montée du racisme (sous toutes ses formes) en France, qui ne nous semble pas épargner les milieux féministes. 

Dans cette perspective, et à l’occasion du premier congrès des études genres en France qui se tiendra à  Lyon du 3 au 5 septembre, nous invitons les étudiant.e.s, jeunes chercheur.e.s et militant.e.s féministes présent.e.s à venir débattre, discuter et réfléchir avec nous : de la place et du rôle que peuvent jouer les études genre et le féminisme « universitaire », de la diffusion des recherches féministes post-coloniales et de la prise en compte de l’intersectionnalité dans nos travaux de recherche, du racisme et des rapports sociaux de domination dans le monde de la recherche et dans les milieux féministes.

FACE À L’IMPUNITÉ ISRAÉLIENNE : POUR UN FÉMINISME DÉCOLONIAL

Par le présent appel, l’association EFIGIES (association de jeunes chercheur-e-s en Études Féministes, Genre et Sexualités) fait acte de sa solidarité avec les Gazaoui-e-s  assiégé-e-s, assassiné-e-s, et plus généralement avec les Palestiniennes et les Palestiniens dont l’assujettissement colonial perdure.

À l’heure actuelle, l’islamophobie, le racisme, les représentations coloniales persistantes dévaluent les vies palestiniennes, criminalisent et déshumanisent les manifestant-e-s  pro-palestiniennes. Étant donné notre engagement dans le champ académique en France, nous ne pouvons rester indifférent-e-s à l’implication de certains discours universitaires et féministes dans la production de l’islamophobie et du racisme, ou du moins leur désengagement au regard des réflexions postcoloniales.

Ces représentations coloniales, qui imprègnent le soutien inconditionnel de la France à la politique de l’État israélien, doivent urgemment être déconstruites dans le cadre d’une épistémologie rigoureuse et non ethnocentrique, incluant les outils des études postcoloniales, notamment dans leur intrication aux formations genrées et aux catégories sexuelles.

Le Pinkwashing et l’homonationalisme d’Israël commencent à être internationalement déconstruits et dénoncés. Mais en France, les féminismes hégémoniques, de par certains de leurs positionnements notamment face au port du voile et à la religion musulmane, entretiennent l’islamophobie et participent à la minimisation des crimes commis envers les Palestinien-ne-s.

Alors que l’Université de Tel Aviv accorde aux étudiants qui servent dans l’attaque contre Gaza la gratuité des inscriptions pour un an, et qu’un avis diffusé à l’Université Hébraïque de Jérusalem annonce une collecte de produits pour les soldats au front, nous invitons les étudiant.e.s et chercheur.e.s en genre, féminisme et sexualité à participer personnellement au boycott académique d’Israël et à signer la pétition contre l’interdiction du soutien à la Palestine de l’association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP) :

http://www.aurdip.fr/Petition-contre-l-interdiction-du.html

Le site de l’AURDIP ayant été hacké, vous pouvez signer la pétition en suivant le lien suivant :

https://docs.google.com/forms/d/1Ia4AqhuB-pZYt_mN-i5JWFBrz9dgzFz3UE5UnVlMz14/viewform

Le colonialisme ne crée pas seulement de tels produits « symboliques », qui en retour l’étayent. Ses enjeux sont géopolitiques et économiques, et parce que nous ne distinguons pas notre engagement dans la recherche et nos positionnements pratiques, nous relayons également et vous invitons à diffuser l’appel de la campagne Boycott, Désinvestissement, Sanctions, réponse citoyenne et non-violente à l’impunité d’Israël :

http://www.bdsfrance.org/

Pour signer l’appel pour un féminisme décolonial : https://docs.google.com/spreadsheet/viewform?fromEmail=true&formkey=dE43S01RdmtKWXpIdXc5UXlzTkJMT3c6MA

En solidarité,

Le bureau d’EFIGIES

 

Premier.e.s signataires : Mira Younes, Guillaume Roucoux, Lola Gonzalez, Adeline Adam, Gael Potin, Karim Hammou, Grino, Alice Gaud, Lorenzi, Corinne Luxembourg, Jennifer Firmin, Laura Cottard, Johanna Renard, Clémentine Gaide, Elise Vinet, Virginie Dutoya, Sarah Mantah, Lydie Porée, Lucie Direnberger, Lucile Quéré, Lucie Gil, Hanna Secher, Laure Bourdier, Vincenza Perili, Jean-Christophe Petit, Marie Espinola, Geneviève Roy, Elsa Tyszler, Anyssa Karafi, Annabelle Colas, Delori, Natacha Boffy, Malika Amaouche, Lara Cox, Marwa Belghazi, Saya, Florys Castan-Vicente, Marina Pointeau, Stéphanie Khoury, Lucie, Blanchon, Rollinde Marguerite, Kanouni, Gourdeau, Violaine Mula, ARDLFM.