Appel à soutien : Sexisme dans l’enseignement supérieur, la fin d’un tabou qui n’en finit pas…

En 2002, le CLASCHES (Collectif de Lutte Anti-sexiste contre le Harcèlement Sexuel dans l’Enseignement Supérieur) dénonçait publiquement les violences sexistes dans le monde universitaire. Depuis, si des avancées législatives ont été obtenues, les pratiques tardent à changer.

Ainsi, le 24 janvier 2013, le Collectif féministe bordelais contre les violences sexistes dans l’enseignement supérieur dénonçait publiquement les propos sexistes et homophobes contenus dans des pages Facebook intitulées « Osez le masculin » et « Osez le masculisme ». Ce petit groupe d’étudiants revendiquait son appartenance à Sciences Po Bordeaux. La direction de l’IEP a réagi et des procédures disciplinaires sont en cours. Nous avons également dénoncé un certain climat propice à l’expression des propos sexistes et homophobes.

Nous pensons que toute institution d’enseignement supérieur doit lutter contre la « tradition dite potache », qui n’est que l’expression des rapports de domination, et contre les discriminations de sexe : 95% des professeurs d’université sont des hommes à l’IEP de Bordeaux qui n’est pas une exception en matière d’inégalité dans l’accès aux positions hiérarchiques les plus élevées puisqu’au niveau national, et toutes disciplines confondues, les femmes représentent 23% des professeurs d’université. Alors que nous témoignons de ces inégalités, la direction de l’IEP de Bordeaux a déclaré dans la presse vouloir porter plainte pour diffamation contre le Collectif bordelais contre les violences sexistes dans l’enseignement supérieur (article de Libération du 8 février 2013, « Sciences po et le sexisme de ses étudiants »).

Plus largement, cette affaire révèle la banalisation des violences sexistes dans l’enseignement supérieur : la culture du silence, comme celle de la protection de l’image et de la réputation des grandes écoles et des universités constitue un terreau favorable à la perpétuation de pratiques qui ne seront jamais trop dénoncées. Si la révélation peut heurter, elle ne doit pas faire oublier qui sont les premières victimes de ces rapports de pouvoir. Elle est nécessaire pour peu que l’on veuille que disparaissent les discriminations de sexe et les violences sexistes dans le milieu universitaire.

 

C’est pourquoi nous demandons :

  • La nomination d’un.e chargé.e de mission à l’égalité dans toutes les universités et les grandes écoles bordelaises, comme cela est proposé par la Charte pour l’égalité entre les Femmes et les Hommes, signée par la C.P.U, la C.D.E.F.I et la C.G.E., Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement Supérieur,  le 7 février 2013.
  • La mise en place d’une cellule de veille contre le harcèlement sexuel et le sexisme, à l’échelle du campus, sur le modèle de la CEVHIS de Lille 3 par exemple, ou comme il en existe sur certains campus allemands, hollandais, nord-américains, etc.
  • La garantie (création des conditions politiques et matérielles) d’une réflexion et d’un réel débat concernant les rapports de domination dans l’enseignement supérieur au niveau des étudiant.e.s et du personnel.

Le Collectif féministe bordelais contre les violences sexistes dans l’enseignement supérieur.

Pour briser le silence et pour que les intimidations, contre le Collectif féministe bordelais contre les violences sexistes dans l’enseignement supérieur, cessent, nous avons besoin de votre soutien et vous invitons à signer et diffuser largement cet appel public.

Signataires : SUD étudiant Bordeaux, OSB IV, UNEF Bordeaux, Solidaire Etudiant-e-s, EFiGiES, EFiGiES Bordeaux, Garçes Collectif Féministe IEP Paris, SOS Suicide Phénix, SUD éducation Aquitaine, CLASCHES (Collectif de Lutte Anti-Sexiste Contre le Harcèlement Sexuel dans l’Enseignement Supérieur), Genre en Action, Ligue du Droit International des Femmes, Solidaires Etudiant-es Sciences Po Paris