2012 Féminisme(s) e(s)t politique(s)

Mardi 24 janvier 2012 – Paris
Journée d’étude EFiGiES
« Féminisme(s) e(s)t politique(s) »

Avec le soutien de l’Institut Émilie du Châtelet (Région Île-de-France / Muséum National d’Histoire Naturelle) et de l’EHESS.

PROGRAMME

Disponible en format PDF ici.

9h : Accueil des participantes, café
9h30 : Introduction de la journée d’étude

9h45 – 12h30 : Table ronde 1 : Les divergences, les continuités et les mutations du féminisme.
Florys Castan-Vicente et Sophie Pépin : « Continuité et rupture dans l’entre-deux-vagues : la question du politique »
Fanny Tourraille : « La “question du voile”, opérateur et révélateur des transformations de l’espace du mouvement féministe »
Hélène Nicolas, Sloane Kersusan, Delphine Rosin et Myriam Benguerine : « Du MLAC au FRASC, histoires de transmissions à Grenoble »
Joane Chabassier : « Qu’est-ce que défendre la cause publique des femmes ? Distancions et concurrences au sein des organisations féministes en France à l’heure d’une 3ème vague »

Pause déjeuner offerte

14h15 – 16h15 : Table ronde 2 : Mouvements féministes, partis et courants politiques.
Valentine Baleato : « La place du paradigme féministe dans l’institutionnalisation de la lutte contre la violence conjugale en France »
Nicole Forstenzer : « L’“entreprenariat public de genre” dans le Chili de la post-dictature (1990-2010) : une configuration particulière des rapports entre féministes et partis politiques »
Irène Pereira : « Un exemple de rapports entre Anarchisme et féminisme : l’organisation Alternative libertaire entre 2006 et 2010 »

16h25 – 17h45 : Table ronde 3 : L’engagement féministe dans les pratiques quotidiennes et les « pratiques de soi »
Anahita Grisoni : « Féminisme et écologie : les mouvements de femmes des professionnelles de la santé naturelle »
Anna Reymondeaux : « Changer sa vie à défaut de changer le monde »

17h45 : Conclusion de la JE

À partir de 19h30 : Soirée festive à La Générale

Lieux :
EHESS : Amphithéâtre – 105 boulv. Raspail, Paris 6ème (M° 4 : Saint-Placide, Vavin – Bus n° 58, 68, 83, 89, 91)
LA GÉNÉRALE : 14 avenue Parmentier, Paris 11ème (M° 9 : Voltaire – Bus n° 46, 56, 61, 69)

RÉSUMÉS DES COMMUNICATIONS

Disponibles en PDF ici.

Sophie PÉPIN et Florys CASTAN-VICENTE :
« Continuité et rupture dans l’entre-deux-vagues : la question du politique »
Entre les deux « vagues » mises en valeur par l’histoire du féminisme en France, des travaux ont pu mettre en valeur des mouvements moins connus, tel le Mouvement démocratique féminin (MDF). Le MDF est un rassemblement militant de femmes qui a existé et s’est développé au cours des années 1960. Or ce mouvement se trouve affilié au futur MLF par l’intermédiaire d’Anne Zelensky. En effet, elle est à l’origine, avec Jacqueline Hogasen, du groupe féministe universitaire Féminin, masculin, avenir  (FMA) créé en 1967, et rapidement intégré au MDF. Nous nous interrogerons donc sur la rupture entre deux générations de féministes et nous nous demanderons dans quelle mesure la rupture entre le MDF et la « deuxième vague » féministe se fait sur la place et la définition du politique. Cette rupture nous permettra d’évoquer des conflits plus récents entre associations féministes, sur la question du politique également.

Fanny TOURRAILLE :
« La « question du voile », opérateur et révélateur des transformations de l’espace du mouvement féministe »
Cette contribution émane d’une enquête menée dans le cadre d’un doctorat de Sociologie à l’Université Toulouse 1 (LaSSP). A travers l’examen des mobilisations féministes sur la « question du voile », elle se penchera sur les conditions d’émergence et de pérennisation de collectifs féministes incluant des femmes voilées.
Minoritaires dans le champ féministe et confrontés à l’hostilité des autres groupes, ces collectifs peinent à s’imposer. L’imaginaire colonial qui continue de travailler le féminisme majoritaire explique une part de leurs difficultés et des fortes préventions à l’égard de l’Islam qui leurs sont opposées. Mais l’étude de ces groupes montre, d’une part, que la question du voile a agi comme révélateur de contradictions et de tensions multiples qui ne peuvent se réduire au seul paradigme colonialiste et, d’autre part, qu’il y a minoritaire et minoritaire: être minoritaire au sein du champ féministe implique déjà d’avoir les ressources nécessaires en terme de réseaux, de positions sociales ou d’aptitudes militantes pour « jouer le jeu ».

Hélène NICOLAS, Sloane KERSUSAN, Delphine ROSIN et Myriam BENGUERINE :
« Du MLAC au FRASC, histoires de transmissions à Grenoble »
Des militantes des Féministes pour la Réappropriation de l’Avortement et des Contraceptions (FRASC) exposeront la manière dont elles se sont emparées, en 2006, des luttes menées par le MLAC dans les années 1970 à Grenoble. La rencontre avec des militantes et la découverte des archives de cette lutte ont donné lieu à des actions, à un livre (Avorter, histoires des luttes et des conditions d’avortements) et à une émission radio de libre antenne sur la sexualité (Cas Libres). Nous reviendrons sur les heurts et bonheurs des rencontres avec les « vieilles » militantes et sur les raisons de ces rapports divers.

Joanne CHABASSIER :
« Qu’est ce que défendre la cause publique des femmes ? Distancions et concurrences au sein des organisations féministes en France à l’heure d’une 3ème vague »
L’intervention proposée abordera les questions des évolutions et des trajectoires du/des féminismes aujourd’hui. La communication s’appuiera sur un travail d’analyse lexicale des autodéfinitions des organisations engagées dans la « cause des femmes ». Entre unité et pluralité, il s’agira d’interroger l’intersectionnalité des postures politiques féministes au regard d’une dynamique de 3ème vague.

Valentine BALEATO :
« La place du paradigme féministe dans l’institutionnalisation de la lutte contre la violence conjugale en France »
Depuis les années 2000, le phénomène de la violence conjugale rencontre l’intérêt des pouvoirs publics, ce qui peut être analysé comme le résultat de la mobilisation sociale des associations féministes dans ce domaine à partir des années 1970. L’institutionnalisation de cette « cause » a entraîné une relative marginalisation du « paradigme féministe » au profit d’un « référentiel sécuritaire » dans la lutte contre l’insécurité et la délinquance, qui participe d’une certaine « racialisation » de la violence conjugale.

Nicole FORSTENZER :
« L’ »entreprenariat public de genre » dans le Chili de la post-dictature (1990-2010) : une configuration particulière des rapports entre féministes et partis politiques »
Cette communication aborde la division du féminisme chilien en branches aux projets politiques divergents à partir de leur position vis-à-vis de la coalition de centre-gauche ayant porté le retour à un système démocratique, la Concertation de partis pour la démocratie. Dans un premier temps, l’émergence d’un « triangle de velours » (A. Woodward) et de ce que je propose d’appeler un « entreprenariat public de genre » est évoquée à partir de la double militance et des processus d’institutionnalisation et de professionnalisation féministe, en lien avec la mise en place de politiques publiques d’égalité hommes-femmes et notamment de la création du Service national de la femme, le SERNAM. Dans un second temps, la communication éclaire les rapports entre différentes branches du féminisme, partis politiques et autres mouvements sociaux à travers la présentation de deux épisodes illustratifs.

Irène PEREIRA :
« Un exemple des rapports entre anarchisme et féminisme : l’organisation politique Alternative libertaire entre 2006 et 2010 »
En abordant la question des rapports entre anarchisme et féminisme, nous souhaitons nous interroger sur l’existence ou non d’une spécificité des organisations politiques anarchistes dans leurs rapports au féminisme. Y aurait-il de la part des organisations anarchistes, par rapport aux autres organisations politiques de l’extrême gauche française, une réception particulière des questions féministes ? Ces organisations échappent-t-elles aux critiques faîtes habituellement par les féministes aux organisations politiques ? L’attention que les anarchistes portent historiquement aux rapports de pouvoir, aux revendications autour de l’amour libre et de l’épanouissement individuel, constituent-ils un terrain favorable pour le féminisme ? À partir de l’exemple de la commission anti-patriarcat de l’organisation politique de la mouvance anarchiste française, Alternative libertaire, dont nous avons suivi le fonctionnement entre 2006 et 2010, nous souhaitons apporter un éclairage à ces questions.

Anahita GRISONI :
« Féminisme et écologie : les mouvements de femmes des professionnelles de la santé naturelle »
La naturopathie est une médecine douce, naturelle ou alternative, non reconnue en France, qui s’inscrit dans la perspective historique de la mouvance New Age. Cette thérapie en transformation a été l’objet de mon travail de thèse. A priori, cette enquête ne relève ni de l’étude du féminisme, ni de celle du politique. Pourtant, au-delà du discours réflexif des acteurs, j’ai pu observer l’émergence d’une forme de mouvement de femmes qui se développe au sein de cette population. De nature essentialiste et religieuse, inscrite dans la mouvance New Age et héritière des apports de l’éco-féminisme, les principes et les valeurs défendues par le « mouvement des femmes de la santé naturelle » semble constituer le terreau fertile sur lequel la critique d’Élisabeth Badinter, auteure de Le conflit, la femme et la mère, s’est élaborée.

Anna REYMONDEAUX :
« Changer sa vie à défaut de changer le monde »
Les militantes du MLF, féministes, souvent lesbiennes des années 70 ont réinventé leurs vie : c’est par cette vie-là, réinventée, que fait sens l’utopie. Des consciences et des vies se sont alors « fabriquées », loin d’un cadre de lutte traditionnel, c’est la ré-appropriation de l’existence qui se fait lutte. Le féminisme est un engagement militant singulier, dont l’analyse offre une vision de la place de la radicalité dans nos sociétés. Aujourd’hui les mêmes questionnements s’opèrent : doit-on tendre exclusivement vers l’égalité ? Ou doit-on faire preuve de force et créativité? A l’heure où la visibilité semble avoir remplacé la résistance, ces deux idéaux sont-ils compatibles ?

PUBLICATION

Une publication est envisagée sur le carnet hypothèses d’EFiGiES. En cours de discussion avec les intervenantes.