2005 Transmission I

27-28 mai 2005
Journées d’étude CEDREF – EFiGiES
« Transmission : Savoirs Féministes et pratiques pédagogiques – vol. I »

SOMMAIRE

LE PROJET :

Les 27 et 28 mai 2005, EFiGiES et le CEDREF ont organisé, avec le soutien du RING, de l’Observatoire de la Parité et de l’ANEF, les premières journées d’étude : « Transmission : Savoirs Féministes et pratiques pédagogiques ».

La volonté d’organiser des journées de réflexion sur la transmission des savoirs féministes au sein des universités est venue d’un constat simple : celles et ceux qui entendent diffuser ces savoirs se heurtent à de nombreuses difficultés. Le caractère récent de l’institutionnalisation des études féministes conduit à un certain nombre de difficultés spécifiques au sein des universités : absence de manuels, difficulté d’intégration de la dimension genrée dans les cursus, nécessité d’apporter la preuve du bien-fondé de ces enseignements aussi bien face aux étudiant·e·s qu’aux enseignant·e·s, etc.
Aujourd’hui, il n’existe pas d’espace de débat, d’analyse et d’élaboration collective à propos de ce qui pourrait être une pédagogie féministe, dans sa forme et son contenu. C’est précisément cet espace que nous souhaitions ouvrir et construire ensemble au travers des journées « Transmission : Savoirs féministes et pratiques pédagogiques ». Ces journées voulaient fournir les moyens de créer un cadre de rencontre, un réseaux de travail entre personnes qui transmettent des savoirs relatifs au féminisme, genre, rapports sociaux de sexe et sexualités.
Leur objectif était mieux diffuser et visibiliser les savoirs féministes et les théories du genre qui en sont issues, ceci en menant collectivement une réflexion permettant de faire émerger des solutions et d’acquérir, grâce à l’échange, un savoir pratique d’enseignement des théories féministes.
Outre l’apport individuel que chacun·e pourra tirer de ces rencontres, la légitimation et l’institutionnalisation des études féministes dépendent avant tout de cette mobilisation collective.

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PRÉSENTATION :

1. Qui sommes nous ?

Le comité d’organisation du projet « Transmission : savoirs féministes et pratiques pédagogiques » est né de la rencontre entre les membres du CEDREF (Centre d’Etudes, de Documentation, de Recherche pour les Enseignements Féministes) et les membres de l’association EFiGiES (Association des jeunes chercheuses en études féministes, genre et sexualités) autour de réflexions sur les pratiques d’enseignement dans le domaine des recherches féministes. Le RING (Réseau interdisciplinaire et interuniversitaire sur le genre), apporte son soutien matériel et relationnel à ce projet.
À travers ces journées, les membres de CEDREF ont souhaité poursuivre et approfondir les réflexions entamées, notamment en 1997 lors du colloque « 25 ans d’études féministes à l’Université de Paris 7 » (en 1997) autour de la question du sens théorique et pratique à accorder à l’enseignement dans nos différentes disciplines des études féministes, du genre, des rapports sociaux de sexe et de la sexualité. Pour le CEDREF, il s’agit de partager une expérience accumulée au fil des années, de poursuivre la réflexion et de la confronter avec celles d’autres féministes (autres notamment par la génération, l’appartenance à un groupe minoritaire, le statut professionnel et l’insertion politique dans les mouvements de femmes). Ce sera également l’occasion de réfléchir à l’avenir, à un moment où la perspective de genre semble de mieux en mieux acceptée et en voie d’institutionnalisation : l’on commence effectivement à envisager des enseignements depuis le début des cursus (développement horizontal) ainsi que des filières ou parcours  » genre  » (développement vertical) qui prennent leur place dans le cadre du LMD et des projets genre inter-universitaires en cours de construction.
De leur côté, les jeunes chercheuses d’EFiGiES sont directement confrontées à la difficulté d’accéder aux savoirs féministes, encore dispersés et insuffisamment reconnus. Se trouvant maintenant, elles-mêmes, en situation de transmission de ces savoirs, tout en devant gérer une position précaire et marginale en tant que chargée de cours ou ATER, elles ont souhaité collectiviser leurs connaissances pédagogiques et partager leurs expériences sur les obstacles et ficelles rencontrées. Aujourd’hui, il n’existe pas d’espace de débat, d’analyse et d’élaboration collective à propos de ce que pourrait être une pédagogie féministe, dans sa forme et son contenu.
C’est précisément cet espace que nous souhaitons ouvrir et construire ensemble, avec l’objectif clair de mieux diffuser et visibiliser les savoirs féministes et les théories du genre qui en sont issus.

2. De la nécessité de réfléchir sur nos savoirs et pratiques

La volonté d’organiser des journées de réflexion sur la transmission des savoirs féministes au sein des universités est venue d’un constat simple : celles et ceux qui entendent diffuser ces savoirs se heurtent à de nombreuses difficultés. La première tient au fait que ces savoirs sont récents : ils n’ont qu’une trentaine d’années et doivent donc encore acquérir leur légitimité pour être accueillis comme allant de soi, tant par le monde universitaire que par les étudiant-e-s. Malgré l’expérience accumulée depuis trente ans par les enseignantes-chercheuses qui se sont regroupées dans des réseaux tels que l’ANEF ou le RING, ou à l’intérieur des universités (Lyon 2, Toulouse-Le Mirail, Paris 8, Paris 7, etc.), il reste important de poursuivre son œuvre de formalisation afin de permettre sa transmission auprès des nouvelles générations d’enseignantes.
Les doctorant-e-s et docteur-e-s destinés à devenir enseignant·e·s/chercheur·e·s ne sont formés véritablement qu’à la recherche au sein de leur laboratoire, seuls les moniteurs et monitrices ont à ce jour accès à des formations à l’enseignement. L’acquisition des techniques pédagogiques ne se fait donc que par le passage abrupt du statut de doctorant·e à celui de chargé·e de cours, puis d’ATER et enfin aux attributions d’un poste de Maître de conférence, sans qu’à aucun moment, une formation systématique à la pratique de l’enseignement ne soit jamais délivrée.
Qui plus est, le caractère récent de l’institutionnalisation des études féministes, conduit à un certain nombre de difficultés spécifiques au sein des universités, que chaque enseignant·e se trouve tenu·e de résoudre seul·e : absence de manuel sur le genre, nécessité de faire la preuve de l’utilité de ces enseignements par rapport à d’éventuels débouchés professionnels, intégrer une approche en terme de genre dans des cursus où cela n’était pas prévu, enfin la question de la mise en place de filières genre au sein des institutions…
C’est parce qu’ils nous apparaît primordial de rompre l’isolement dans lequel chacun·e se trouve pour faire face à ces obstacles que nous avons souhaité organiser ces journées. Leur objectif est donc de mener collectivement une réflexion qui nous permette de faire émerger des solutions et d’acquérir des un·e·s les autres un savoir pratique d’enseignement des théories féministes, qui non seulement améliore cet enseignement en le rendant plus efficace et cohérent, mais qui le rende aussi moins ardu pour chacun·e d’entre nous.
Outre l’apport individuel que chacune pourra tirer de ces rencontres, la légitimation et l’institutionnalisation des études féministes dépendent, nous semblent-il, de cette mobilisation collective.

3. Objectifs de ces journées

  • Créer un cadre de rencontre entre personnes qui transmettent des savoirs féministes, sur le genre, les rapports sociaux de sexe et les sexualités, tant à l’université que dans d’autres espaces d’enseignement (Institut de recherche sur le travail social, écoles d’infirmières, conférence, etc.), et celles qui souhaitent dans une perspective transversale, intégrer ces problématiques aux contenus de leurs enseignements non spécifiques ;
  • Rompre l’isolement des chercheur-e-s et enseignant-e-s, permettre de réfléchir sur les pratiques et d’approfondir nos connaissances sur le plan théorique, méthodologique, politique ;
  • S’interroger sur les formes, plus ou moins subtiles, de rapports de pouvoir dans lesquelles s’inscrivent nos pratiques pédagogiques et nos savoirs féministes : racisme, classisme, hétérosexisme, âgisme, grossisme, parisianisme, etc. ;
  • Réfléchir à la transmission des savoirs féministes et pédagogiques, en relation avec les mouvements féministes, c’est-à-dire dans une perspective globale qui s’intègre au milieu académique, sans s’y réduire ;
  • Développer des outils qui permettent d’améliorer ses pratiques d’enseignement, grâce à l’échange et la création de matériels pédagogiques et à l’auto-formation ;
  • Créer un réseau de travail afin d’établir des solidarités pratiques et des dynamiques qui génèrent un renforcent individuel et collectif.
  • À long terme, créer un rendez-vous national des personnes qui transmettent des savoirs féministes, sur le genre, les rapports sociaux de sexe et la sexualité. Nous ambitionnons d’organiser cet événement tous les ans dans des villes différentes. Nous y associerons également des femmes et groupes d’autres pays francophones.

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INVITATION :

Ces journées s’adressent à toutes celles et ceux qui d’une manière ou d’une autre, enseignent, rêvent d’enseigner ou, tout simplement, se sentent concerné-e-s par le « genre », le féminisme et les rapports sociaux de sexe.

Si…

- vous vous êtes toujours demandé·e où est la relève que vous attendez avec impatience depuis tant d’années, pour lui transmettre votre expérience durement acquise, mais ô combien passionnante !
- vous vous êtes déjà retrouvé·e balancé·e, sans crier gare et sans aucune formation particulière, devant un amphi agité, essayant d’expliquer l’histoire de la notion de genre, alors que visiblement les étudiant·e·s n’ont pas compris qu’il s’agissait d’un thème non seulement légitime, d’un savoir incontournable et, qui plus est, très à la mode
- vous avez toujours voulu rencontrer les grandes professeures et théoriciennes qui ont accompagné votre formation, pour débattre avec elles de théorie et de pratiques pédagogiques
- quel que soit votre rattachement disciplinaire et votre statut, vous avez envie d’échanger, de manière horizontale, avec d’autres personnes qui, comme vous, tentent d’introduire des théories et des pratiques féministes dans le savoir universitaire

… que vous ayez plusieurs années d’expérience ou que vous commenciez à peine, ATER, Professeur-e-s, MCF, PRAG, Assistant·e (y compris hors de l’université et en lien avec le monde associatif et politique) ces journées s’adressent à vous.

Il s’agit d’ouvrir une brèche dans l’isolement qui est le lot de beaucoup d’entre nous et de partager nos savoirs pédagogiques et théoriques, pour renforcer et légitimer, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’université, un pôle genre / féministe / sur les rapports sociaux de sexe et les sexualités, qui soit un lieu de rencontres et de solidarité autant que d’échange intellectuel.

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PROGRAMME :

Vendredi 27 mai

9h-9h30 : Accueil, inscription et café

10h : Plénière d’ouverture
EFiGiES et CEDREF : Hommage aux pionnières et état des lieux des savoirs féministes.
Claude Zaidman : Professeure de Sociologie à Paris 7 – Denis Diderot, Responsable du CEDREF : « Peut-on enseigner le féminisme ? »
Diane Lamoureux : Université de Laval, Québec : Analyse de la situation au Québec (titre à préciser ultérieurement)
Muriel Andriocci : Doctorante en Sociologie, Equipe Simone-SAGESSE, Université de Toulouse le Mirail : « Présentation des résultats de l’enquête sur les enseignements féministes en France réalisée par l’ANEF »
Christine Bard : Professeure d’Histoire contemporaine, Université d’Angers / IUF : « Une histoire féministe est-elle possible ? La transmission universitaire, entre libertés et contraintes »
Isabelle Lamy : Chargée de mission Musea Education, Angers : « MUSEA : une ressource multimédia pour transmettre les études sur le genre »

12h30 : Pause déjeuner

14h : Atelier « Ficelles, astuces pédagogiques et difficultés »
Échange en petits groupes sur nos pratiques pédagogiques concrètes dans les salles de cours et en dehors, de manière à partager nos réflexions, nos difficultés, nos interrogations et nos « recettes miracles ».
Méthodologie inspirée de l’éducation populaire participative féministe : le débat s’organisera à partir d’un de nos problèmes récurrents et un de nos « points forts ».

18h : Cocktail

Samedi 28 mai

9h : Atelier « Échange de cours »
De quoi parlons-nous quand nous parlons d’enseigner à propos des femmes, du féminisme, des rapports sociaux de sexe, du genre ? Comment aborder la dimension RSS dans nos disciplines respectives ?
Débats par groupe en fonction du contenu de nos enseignements, selon la discipline, le niveau, s’il s’agit d’enseignements spécifiques ou « contenant » le genre.
Nous nous interrogerons sur la possibilité de faire émerger de cet atelier un matériel pédagogique (polycopiés ? manuels ?) ainsi qu’un groupe de travail.

12h30 : Pause déjeuner

14h : Plénière de clôture
Patricia Roux : Professeure à l’Université de Lausanne, Membre du réseau LIEGE : « Être à la fois dedans et dehors : le pari des études féministes que soutient le réseau LIEGE en Suisse »
Florence Degavre : Chercheuse à la faculté Ouverte de Politique Economique et Sociale (UCL), Bruxelles, Responsable du comité scientifique de l’Université des Femmes : « Présentation de l’Université des Femmes de Bruxelles »
Rebecca Rogers : MCF en Sciences historiques, Université Marc Bloch, Strasbourg : « Construire des réseaux genre transfrontaliers : expériences et perspectives »
Mireille Baurens (sous réserve) : MCF d’anglais à l’IUFM de Lyon : « Pédagogie et transmission »
Compte-rendu des ateliers et propositions pour l’avenir

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PUBLICATION :

Les journées d’étude « Transmission : Savoirs Féministes et Pratiques Pédagogiques » ont fait l’objet en février 2006 d’une publication dans le n°13 des Cahiers du CEDREF.

Sommaire

Introduction
Parce qu’on ne naît pas prof… on le devient
Claude Zaidman : Peut-on enseigner le féminisme à l’Université ?
Diane Lamoureux : Les Études féministes au Québec : les limites de la transmission institutionnelle
Christine Bard : Une histoire féministe est-elle possible ? La transmission universitaire, entre libertés et contraintes
Florence Degavre et Sophie Stoffel : Transmission et renouveau. L’Université des Femmes à Bruxelles
Patricia Roux et Gaël Pannatier : Institutionnalisation des Études féministes en Suisse. Le défi de l’intégration et du maintien d’une dimension critique
Rebecca Rogers : Construire un réseau genre transfrontalier : expériences et perspectives
Mireille Baurens : L’expérience des IUFM

Pour toute commande ou question, vous pouvez vous adresser au secrétariat du CEDREF : Françoise Gourdal : fg[at]paris7.jussieu.fr

En ligne sur Revue.org : http://cedref.revues.org/329

Une réflexion au sujet de « 2005 Transmission I »

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